Reviens-moi by Ruth Rendell

Reviens-moi by Ruth Rendell

Auteur:Ruth Rendell [Rendell, Ruth]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2702418589
Éditeur: Le Masque


CHAPITRE XII

Le bungalow de Leonard Dunsand était décoré exactement de la même façon que celui de Miss Mowler : le même papier noir tacheté de rouge recouvrait les murs du hall, les mêmes oiseaux bleus enchevêtrés de lis oranges agressaient l’œil du visiteur dans le living-room. Mais Miss Mowler, en dépit de ses réflexions méprisantes sur le mauvais goût de l’architecte, avait meublé son intérieur avec une certaine homogénéité. Dunsand, lui, n’avait pas fait preuve d’autant de jugement : les meubles tristes et lourds, les grands fauteuils en cuir brun, les tables de style victorien — et, par-dessus tout, les nombreux rayons surchargés de livres — paraissaient absurdement déplacés dans ce décor. C’était l’appartement typique d’un intellectuel célibataire, présentant néanmoins la particularité d’être aussi bien tenu que celui de Mrs. Peveril. Sur une table du living-room se trouvait une pile de prospectus d’agences de voyages aux couvertures encore plus bariolées que le papier mural.

D’une voix neutre mais cultivée, Dunsand, qui venait juste de rentrer de son travail, invita les deux policiers à s’asseoir. gé d’une quarantaine d’années, il avait des cheveux clairsemés et un visage un peu mou, dont les traits empâtés contrastaient curieusement avec la bouche aux lèvres minces. Des verres épais déformaient ses yeux, les faisant paraître exorbités. Il portait un costume sombre immaculé, de coupe ultra-classique, une chemise blanche et une cravate foncée. Il se borna à répéter sans s’énerver ce qu’il avait déjà dit à Burden, à savoir qu’il était rentré chez lui à sept heures moins vingt le 6 juin et n’avait rien remarqué d’anormal au Clos Fleuri ce soir-là.

— Je me suis préparé à dîner, puis j’ai fait un peu de ménage, expliqua-t-il de bonne grâce. Cet intérieur est très laid mais il n’est pas nécessaire d’y ajouter de la saleté.

— Avez-vous remarqué ce qu’ont fait vos voisins ?

— J’ai vu sortir Mrs. Peveril vers sept heures et demie. Je crois qu’elle suit des cours de couture un soir par semaine.

— N’êtes-vous pas sorti, vous-même ? Il faisait une belle journée.

— Vraiment ? fit poliment Dunsand. Non, je n’ai pas bougé d’ici.

— Êtes-vous en bons termes avec vos voisins, Mr. Dunsand ?

— Certainement, oui.

— Vous arrive-t-il d’aller chez eux, par exemple, ou de les recevoir chez vous ?

— Non. Je crains de vous avoir mal compris. En fait, je veux simplement dire que nous échangeons un signe de tête ou quelques mots lorsque nous nous rencontrons dans la rue.

Wexford soupira intérieurement. Il trouvait Dunsand déprimant et ne pouvait s’empêcher de plaindre ses étudiants. Quoiqu’il ne connût pas grand-chose à la philosophie, il savait que cette discipline n’était pas seulement faite d’éthique, de syllogismes spirituels ou d’anecdotes sur Pythagore, mais aussi de logique, de notions mathématiques complexes, de prémisses épistémologiques. Ce devait être quelque chose d’écouter Dunsand disserter pendant deux heures sur Wittgenstein !

— Vous ne pouvez donc rien nous apprendre sur le mode de vie des Peveril, leurs habitudes, les gens qu’ils fréquentent… ?

— Non, rien.

Dunsand parlait d’une voix égale, indifférente, mais Wexford crut



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